ACCIDENTS
MORTELS CHEZ LES INSECTES par
Monique STUMPF
1°)
Des conditions " non naturelles " provoquent des mortalités en quantité
importante chez les Insectes et des conditions non favorables
à leur développement.Nos déplacements ….et les
leurs.
Nous ne sommes pas grand-chose devant la
vitesse. Même si certains insectes se déplacent en " armure ", ils
n'ont jamaisdéfoncé une carrosserie un pare-brise ou un
pare-choc. Ils laissent uniquement des " salissures " ! Circulations en
tout sens en grand nombre et avec des moyens différents, voitures,
camions, trains TGV, TGV Est, Ouest, et c'est la ponctuation d'impacts
. Le problème du pare-brise " sale " ne se rencontre pratiquement plus
lorsqu'on traverse de grandes zones de monoculture.
Les
incendies, les chamboulements de terrains avec arrachages des " herbes ",
plantes et arbres spontanés ôtent la possibilité de nourriture à
différents insectes phytophages (mangeurs de plantes), pollinisateurs,
recycleurs " bio " (les mal-aimés qui revalorisent les matières
naturelles " sales "), et indirectement de leurs prédateurs, ainsi que
la possibilité de pouvoir pondre et assurer la pérennité des espèces.
Les insectes aux longues antennes ,les scarabées ( dont le fameux
pique-prune fait partie), d'autres coléoptères qui dégradent les vieux
arbres ne trouvent plus de vieux arbres à se mettre sous la mandibule .
La raréfaction en insectes entraîne un appauvrissement dans la chaîne
biologique du recyclage des vieux bois. Le risque de précaution ne
tôlère pas les vieux arbres, et la forêt devient " jardinée ", flattant
l'œil et appauvrissant la faune.
Les insectes " volants " peuvent avoir la
chance de s'expatrier à la recherche de la plante ou de l'hôte perdu,
encore faut-il que la distance de survol soit biologiquement possible
et en évitant toute " mauvaise rencontre "…s'ils ont la chance de
trouver leur " havre ", arriveront-ils à y rester en paix le temps
qu'une génération puisse s'y développer ? Côté insectes " marcheurs ",
mêmes recherches de survie, et si des terrains favorables aux abords
immédiats ne sont pas accueillants, c'est la traversée des routes.
Mouche domestique
retenue prisonnière de la fleur par la trompe
| A
l'origine des chamboulements, l'extension de l'homme sur les espaces
pour de nombreux aménagements : urbanisation, réseaux de
communications, extension des déchetteries, des édifices désaffectés et
en ruines …..et les mesures prises à l'encontre de la nature pour
observer le principe de précaution… Les
herbicides contribuent aussi à l'expatriation ou à la mort
des insectes comme vu précédemment. L'usage
des insecticides,
employés pour les " ravageurs " (que nous avons créés ?), ou pour le
confort touristique, tuent sans distinction, ou ne tuent pas forcément
ceux qui sont ciblés.
L'intensification ou
l'exploitation maximale du sol, s'ajoute aux conditions vues jusque là
en ajoutant l'emploi des pesticides préventifs renfermant des
antifongiques qui modifient la structure naturelle des sols. . Dans
cette nébuleuse chimique on ne sait plus si la ration prélevée par les
insectes pèse plus lourd que l'investissement en temps et argent en
pesticides.
|
Nos comportements (encore !) ….
Notre idée de la propreté extérieure, où le
jardin sans herbe est un jardin bien " tenu " , sans feuilles sur le
gazon régulier, des bords de routes et des fossés bien curés.. grâce à
l'emploie des tondeuses, rotofils, ou moulinettes employés au moment où
la nourriture pousse pour accueillir l'insecte qui éclot ou vient se
restaurer. (cf. photo d'une coccinelle mortellement
blessée)
| La pollution "
lumineuse ", maintenant modifiée pour orienter les faisceaux
lumineux vers le sol notre milieu de vie, plutôt que vers le ciel. Les
insectes nocturnes qui vivent en désaccord avec les rayons du soleil,
préfèrent les feux de la rampe….
| | Notre
besoin conscient ou inconscient de prendre l'air, en négligeant la
gestion des canettes ou bouteilles qui, abandonnées dans la Nature ,
piègent les insectes attirés par les jus sucrés ou fermentés.
Les
vitres, sont aussi à l'origine d'accidents " domestiques " pour des
mouches parasites de vers de terre qui s'infiltrent en grand nombre
dans les greniers en automne pour échapper au froid. Elles se
retrouvent piégées par les vitres où la clarté et la chaleur du soleil
les attire. |
2°) Les accidents mortels
" naturels " relevant du " développement durable " ...
Les insectes qui ont eu la chance de pouvoir
se développer et ont échappé aux accidents précédents restent aussi
exposés à des accidents au cœur même de leur nature ! Cette mortalité a
-t-elle le même poids ?
Il est normal que l'insecte meure de mort "
naturelle ", la plus noble , et la plus importante pour maintenir la
biodiversité est le prédateur qui mange le phytophage !
Excepté les pièges des plantes carnivores,
les filets des araignées , les assauts des prédateurs de tout genre ,
les rencontres avec des parasitoïdes, des champignons entomophages, des
virus, le grisement par excès de pollen de certaines plantes, la
noyade, la sècheresse, les insectes sont surpris aussi par des
circonstances fortuites dues aux éléments naturels ou par d'autres
risques imprévisibles.
On pourrait les penser détenteurs d'une
infinie connaissance de la nature accumulée tout au long de leurs
multiples générations au cours des âges, mais les circonstances
climatiques ou le risque " zéro " , lors des recherches de nourriture
ou autres n'existe pas , même lorsqu'il s'agit d'exploration de corps
immobiles ! C'est ainsi qu'un taon dont la tête était
prisonnière dans les aspérités d'une écorce essayait vainement de se
pousser avec ses pattes antérieures ! La partie externe de ses yeux
légèrement abîmée ne l'a pas empêché de s'envoler dès sa libération en
rognant l'écorce avec un canif ! Lors de pluies, des insectes
marcheurs lents comme des chenilles , se noient dans des filets d'eau ,
d'autres marcheurs plus rapides sont aussi surpris par des pluies
d'orages et noyés.
| Conistra
vaccinii empalé | Ou c'est un coléoptère aquatique exténué qui
vient s'échouer sur une mer de bitume au moment le plus chaud de l'été
2003.
Dans les Corbières au printemps dernier,
alors que le soleil brillait et la tramontane encore fraîche soufflait
par rafales, c'est un papillon qui était empalé sur une herbe ! photo
du papillon. Il vivait encore en état intégral , ne se débattait pas.
Ses couleurs étaient un peu défraîchies. L'accident n'était sans doute
pas du jour ?Cet été, au même endroit , mais dans le village, par une
chaude après midi arrosée d'un soleil brûlant, c'était une mouche
domestique dont la trompe était coincée dans le pistil d'une fleur de
laurier rose ! photo de la mouche La fleur ouverte où une partie du
cœur de la fleur a été volontairement retirée, n'a pas dévoilé la
cachette d'une araignée en embuscade mais la présence de deux pucerons.
Est-ce en cueillant la fleur, par admiration de la Nature, que "
l'accident " est survenu ou par un coup de vent brutal ? |
D'autres
témoignages évoquent des accidents comme l'immobilisation d'une
chenille retenue par les crochets d'une fausse patte sur une plante ,
une larve de carabe morte d'avoir trop mangé l'escargot et devient
prisonnière de la coquille /garde-manger, des imagos (insectes adultes)
qui n'arrivent pas à s'expulser de leur chrysalide…..).
Indispensable
, Irremplaçable , Incontournable , le Développement durable passe par
les Mandibules !
S'intéresser aux insectes ne concerne pas
seulement une attraction pour les enfants, les rêveurs les poètes et
les " collectionneurs " que nous ne sommes pas forcément ! Nos petits
protégés ont des modes de vie surprenants, nous avons besoin d'eux pour
maintenir un environnement naturel qu'ils savent aussi enrichir, et
sans lequel nous ne pourrions pas vivre.
Mais qu'elle est leur place exactement dans
la Nature pour qu'ils soient aussi indispensables ? : ils ne parlent
pas, ils mangent……dans un environnement où la gestion de la terre est
gérée avec respect et écoute, ils s'expriment en mobilisant les
mandibules pour éviter l'envahissement d'une plante au dépend d'une
autre, mais ils savent appliquer, au cœur de leur population
d'Insectes, une sorte de " planning familial " !. Le but ?Eviter qu'à
son tour cette espèce d'Insecte inféodée à une plante donnée ne
devienne pas envahissante , ce qui détruirait l'espèce de plante
en question . Ainsi, pour préserver la
diversité botanique, chaque plante à son petit ange-gardien. C'est
ainsi que les insectes ne pratiquent pas la monoculture.
" Quel est ce planning familial " vu par les
Insectes ? En fait, ce planning familial est géré par les Insectes
carnivores appelés Prédateurs , mais aussi par tous les autres animaux
insectivores et on pense aux oiseaux, mais aussi à tous les animaux à
plumes qui fréquentent les campagnes, les bois , les forêts, les cours
d'eau . C'est aussi l'affaire des mammifères carnivores qui ne
rechignent pas à croquer un insecte phytophage ou prédateur , parce
qu'il faut aussi maintenir l'équilibre des prédateurs ! Les Mammifères,
les Batraciens, d'autres arthropodes, renforcent le travail des
Insectes parasitoïdes et parasites, qui peaufinent le planning en
participant au maintient des populations des prédateurs, (et aux leurs
en se nourrissant de surcroît) !
Le groupe des Insectes pollinisateurs qui
papillonnent autour des plantes et arbres à fleurs, bref, les Fêtards,
n'ont pas tous les mêmes pièces buccales. S'ils jouissent d'une bonne
réputation par leur beauté, certains d'entre eux sont connus pour
infliger des piqures cuisantes s'ils se sentent agressés. Petits
Messagers de l'Amour, naïvement entremetteurs , ils sont à l'origine
d'innombrables mariages des plantes à fleurs fixées dans la terre par
les racines et donc incapables de se rapprocher.
Autre importance des Insectes, la
fabrication du compostage, ou " Engrais Bio "avec l'intervention des
Insectes là aussi spécialisés ! Insectes adultes ou larves de
Détritiphages, sarcophages, saprophages, xylophages, saproxylophages,
coprophages portent haut le flambeau de cette INDISPENSABLE VERMINE qui
recycle, toutes les matières organiques devenues déchets, cadavres,
excréments, plantes et arbres affaiblis ou devenus improductifs…..Le
banquet, partagé avec les bactéries, la micro-faune et des moisissures
devient un vrai laboratoire de chimie où tous les éléments biologiques
naturels sont réinjectés dans le sol . Rien ne se perd et le " sale "
et inutile reprend un coup de vernis ! …..
Pour ce maintient
de la bonne santé de notre planète bleue qui commence à pâlir et à
suffoquer, n'oublions pas de l'écouter, de respecter tous ces
magnifiques gestionnaires, tous ces " chargés de mission " discrets,
jardiniers de notre terre si belle à découvrir et admirer et à aimer.
Sur le nombre d'éclosions
printanières sont-ils nombreux à avoir eu la possibilité d'assurer leur
descendance pour maintenir notre vie sur terre?
BIBLIOGRAPHIE
:
BRUNO
D , ; 2004-Insectes n°132, " la mort en bouteilles "page 13.
PINEAU
X. ; ALTEMAYER V. ; ROUGON C. ; DROUET J. ; MOREAU G. & ROUGON
D. Symbioses, nouvelle série, 11, novembre 2004-Recherches
entomologiques rurales : diversité, diffusion, dissémination,
durabilité (RER 4 D) . Les coléoptères 15-19.